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PAROLES DE DÉFENSE

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La première guerre du Golfe, une guerre éclair

Au début des années 90, la situation géopolitique dans le Golfe a de quoi inquiéter les occidentaux. La guerre entre l'Iran et L'Irak a détruit les deux pays et provoqué des centaines de milliers de morts. L'Irak est totalement ruiné et est en proie à de graves difficultés sociales, entre famine et précarité. A coté de cette situation des plus critiques, le Koweït, petit pays en taille mais grand par son économie, dispose d'une manne pétrolière qui lui permet de grandir au niveau international et d'assurer l'effervescence de son économie. En Occident, les regards sont portés vers les débuts de l'unité allemande. Les relation entre la France et l'Irak ne sont pas au beau fixe : recours aux armes chimiques, programmes d’armement non conventionnels et exactions du pouvoir en place contribuent à expliquer les faibles contacts entre les deux pays.


La baisse des prix du pétrole, alliée à une volonté multi-décennale d'annexer cette petite province du Golfe qu'est le Koweït finiront par pousser le chef de l’État irakien aux grandes aspirations expansionnistes, Saddam Hussein, à envahir son voisin dans la nuit du 2 août 1990. Les retentissements sont importants chez les occidentaux qui décideront dans un premier temps de privilégier la diplomatie et la dissuasion en vue d'éviter un conflit armé dans le Golfe avant de préférer une intervention militaire expéditionnaire afin de libérer le Koweït du joug irakien.

La situation Irakienne à la fin de la guerre contre l'Iran

L’Irak victorieuse contre son voisin iranien est une Irak affaiblie. Le conflit a entraîné la mort de près de 300 000 irakiens et a provoqué une importante famine dans tout le pays. Pour gagner la guerre, l'Irak s'est endettée auprès de ses riches voisins pour des sommes considérables. Ses principaux prêteurs : L'Arabie Saoudite et le Koweït. Il apparaît alors évident pour Saddam Hussein que pour relever son pays, ses dettes doivent être effacées, il souhaite l'annulation pure et simple de l'emprunt de 15 milliards de dollars contracté avec le Koweït. A la tête de l'Irak, Saddam Hussein veut créer un grand empire dans le Golfe. Aux alliance secrètes et perverses s'ajoutent de nombreux assassinats et des trahisons pour asseoir sa dictature. Ce dernier, à la fin de la guerre contre l'Iran, se considère comme le défenseur du monde arabe face à l'intégrisme iranien. Saddam Hussein veut faire de l'Irak la pierre angulaire de la région, un pays au poids international redoutable et un pôle important du monde multipolaire.



Alors que les pays du Golfe sont de grands producteurs de pétrole, les prix du baril chutent dans cette période devant l’augmentation sensible de la production. L'Irak souffre grandement de cette baisse des coûts du pétrole. En mai 1990, Tarek Aziz, le ministre des affaires étrangères irakien dénonce cette politique de surproduction pétrolière et réclame une réduction du débit extrait.

Alors que ses voisins extraient du pétrole en grande quantité, entraînant une diminution des frais, l'Irak trépigne et demande en vain l’augmentation du prix du baril à 25 dollars. La décision de l'OPEP le 27 juillet 1990 de maintenir les prix du pétrole entre 18 et 21 dollars le baril met fin aux espoirs irakiens et rend par conséquent la situation économique du pays encore plus fragile. Les tensions avec le Koweït sont de plus en plus importantes après le refus de ce dernier d'annuler la dette de 15 milliards de dollars irakienne. On ne souhaite pas croire à l’invasion qui se prépare, pourtant la guerre est inévitable.

Le Koweït source des convoitises irakiennes


Le Koweït est un petit pays d'à peine 18 000 km² disposant d'une façade maritime de 499km sur le Golfe Persique. Ancienne province de l’Empire Ottoman dont l'Irak s'est autoproclamé successeur, le pays est convoité par son voisin irakien depuis son indépendance en 1933. Notamment car il est installé sur une ancienne province ottomane alors que la capitale de l'empire se situe sur le territoire de l'actuel Irak, constitué héritier naturel. En 1961, les britanniques participèrent à provoquer l'indépendance du Koweït qui devint alors un État à part entière. L'Irak ne reconnaîtra jamais cette indépendance et tentera une première fois d'envahir le Koweït en 1961.

En plus des convoitises historiques liées à la disparition de l'Empire Ottoman, l'Irak a des vues sur une importante ressource koweïtienne qui est sa façade maritime, n'ayant elle-même que 19 km d'ouverture maritime et ne pouvant donc pas prétendre à un développement de ses échanges. Pour finir, L'Irak conteste depuis de nombreuses années l'exploitation koweïtienne du gisement de Rumaila qui se trouve à la frontière entre les deux pays. C'est un gisement facilement exploitable par le Koweit et dont la grande partie des réserves se trouve en territoire irakien mais dont l'exploitation est quasiment impossible de ce coté de la frontière. En 1990, après la chute des prix du pétrole, l'Irak accusera le Koweït de participer à un effondrement de ses coûts. En Juillet 1990, le Koweït viendra refuser la demande d’indemnisation irakienne de 10 milliards de dollars en compensation de l'exploitation du gisement revendiqué de Rumaila.


Les tensions entre les deux pays sont à leur paroxysme alors que Saddam Hussein ne cache pas ses envies expansionnistes. Alors que les troupes irakiennes se mobilisent à la frontière, on pense toujours à une tentative de d'intimidation. Après avoir reçu la certification de l’ambassadrice américaine en Irak que les États-Unis n'interviendraient pas dans le cas d'une tentative d'invasion du Koweït, ordre est donné le 2 aout 1990 à 2 heures du matin aux troupes irakiennes de marcher sur le Koweït.


La réaction occidentale

En 1990, l'armée irakienne, considérée comme la quatrième armée du monde, est forte de 700 000 hommes dont 150 000 appartenant à des corps d'élite, appuyée par 5600 chars de combats, 3500 pièces d'artillerie ainsi que 700 avions de combats et 200 hélicoptères : l'armée irakienne dispose de moyens importants. S'ajoutent à cela les nombreux missiles SCUD et ALUSSEIN sol-sol ainsi que les armes chimiques déjà utilisées contre l'Iran. L'invasion du Koweït est prise très au sérieux par les autorités occidentales.

A 4h45 le pays est totalement conquis devant la faible résistance, l'armée koweïtienne ne disposant que de 20 000 hommes. Commence alors un pillage du territoire koweïtien estimé à une hauteur de 4 milliards de dollars alimenté par la saisie de 42 tonnes d'or de la banque centrale koweïtienne.

Au sein de la communauté internationale, les réactions se font unanimes. Mis à part un bref contingent de pays tels que l'Algérie ou encore le Liban, tous condamnent l'invasion du Koweït par l'Iran. Les occidentaux voient cet acte comme une provocation en vue de contrecarrer le nouvel ordre mondial.



Le 2 aout 1990 à 6h du matin est adoptée la résolution 660 du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unis (CSONU) qui exige notamment le retrait immédiat des troupes irakiennes du Koweït. Au même moment, la France, la Grande Bretagne et les États-Unis décident d'un embargo économique et du gel des avoirs irakiens et koweïtiens. Le 6 aout, la résolution 661 est votée pour un embargo total. L'Irak dispose de ressources pétrolières mais ne peut pas les raffiner ni les exporter, le pays sombre un peu plus dans la crise. Un boycott industriel est entamé ainsi qu'un boycott sur la vente d'armes. Le blocus alimentaire est organisé, la situation devient de plus en plus tendue en Irak qui pille alors les réserves de nourriture du Koweït et organise un rationnement dès septembre 1990. Le 6 aout, les ressortissants koweïtiens sont emmenés en captivité et servent de bouclier humain contre les hypothétiques bombardements de la coalition internationale sur des sites stratégiques irakiens.

Le 8 aout, la coalition internationale décide du début de l'opération Bouclier du désert qui vise à protéger l'Arabie Saoudite et ses puits de pétrole de la folie expansionniste irakienne après la découverte par les satellites américains du mouvement de 4 divisions irakiennes vers la frontière saoudienne. C'est le début du regroupement des troupes américaines à la frontière entre l'Arabie Saoudite et l'Irak pour une mission de dissuasion premièrement.

La condamnation par la France est instantanée, le gel des avoirs et l'embargo ne rencontrent aucune résistance. Le 9 Aout 1990, le Président de la République François Mitterrand s'adresse à la nation et lui présente les objectifs de la France dans la lutte contre cette invasion. La France privilégie la diplomatie et l’action commune dans ce conflit. Elle souhaite une négociation entre les pays arabes et compte sur l’embargo pour faire reculer les irakiens et les contraindre à abandonner le conflit.


Le pays se place directement aux cotés de son allié américain perçu comme la première force de réaction. La France souhaite un règlement du conflit entre pays arabes dans les premiers jours de la crise. Toutes les mesures prises par le CSONU ne doivent pas provoquer la colère des pays arabes et les opposer aux occidentaux. Le même jour, le 9 aout, le groupe aéronaval du porte-avions Clémenceau est mobilisé et envoyé dans le Golfe afin d'opérer une mission de dissuasion, fort de sa soixantaine d’hélicoptères du 5ème Régiment d'Hélicoptères de Combat et de son détachement du 1er Régiment de Hussards Parachutistes.



Pendant les semaines qui suivent, la France incite les pays européens à participer à cette mobilisation contre l'Irak mais conserve sa volonté de ne pas recourir directement à des forces armées terrestres afin de préserver un hypothétique dialogue entre les pays du Golfe, en vue de mettre un terme au conflit. La France multiplie les interactions avec les pays du Moyen-Orient et du Maghreb avec un seul et unique message : obtenir le départ des troupes irakiennes du Koweït par un dialogue entre les pays arabes afin de préserver les relations françaises avec ces pays

Le 14 septembre marque un tournant dans la politique diplomatique française. L'irruption de l'armée irakienne chez l’ambassadeur de France au Koweït mêlée à la détention des ressortissants français retenus en otage provoque la saisine du CSONU par la France qui dénonce la violation de la convention de Vienne et souhaite un renforcement de l'embargo terrestre et aérien. Au sein du Haut commandement français, la décision est actée, l'envoi d'une brigade aéroterrestre est décidé sous le nom de division Daguet pour venir renforcer les éléments de la force du porte-avions Clémenceau mais aussi ceux d'une escouade de hussards parachutistes déjà sur place, en Arabie Saoudite. L'envoi de la Division Daguet se fait simultanément au départ d'une trentaine d'avions de guerre. La mission française reste la défense de la frontière irakienne dans le respect des résolutions de l'ONU. La réaction militaire terrestre sous la force d'une offensive armée reste encore non privilégiée.

Le 24 septembre, devant l'assemblée générale des Nations Unies le Président de la République Française prononce un discours dans lequel il réaffirme ses positions et le rôle de premier plan joué par la France dans ce conflit. Priorité est donnée au retrait des troupes irakiennes du Koweït puis à la recherche de solutions diplomatiques pacifiques aux instabilités de la région. La France pense que l’intervention militaire desservira les intérêts des occidentaux en poussant les pays arabes à une rébellion contre Israël et les chrétiens présents sur place. Début octobre, et malgré le refus irakien de se soumettre aux résolutions de l'ONU, la voie de la négociation reste privilégiée.

Le 8 novembre 1990 marque un tournant dans ce conflit lorsque le président américain George. H Bush décide d'envoyer de nouvelles troupes dans le Golfe, à la frontière entre l'Arabie Saoudite et l'Irak, portant le contingent américain à près de 500 000 hommes, prêts à entrer sur le sol irakien. Le 25 novembre, les États-Unis qui cherchent une possibilité de recours à un conflit armé décident de proposer au CSONU un projet de résolution approuvant l'intervention militaire pour lutter contre l’occupation du Koweït.

La résolution 678 est alors proposée le 29 novembre et est soutenue par la France, par l'intermédiaire de Roland Dumas, le ministre des affaires étrangères français. La France se range aux cotés des américains mais veut insérer une clause, un délai faisant foi d'ultimatum pour pousser l'Irak au dialogue et repousser au maximum la guerre. Le délai retenu par la résolution a vocation à expirer le 15 janvier. Encore une fois, la France met tout en œuvre pour promouvoir une solution pacifique dans la résolution du conflit. En l'absence de consentement irakien à négocier, les forces de la coalition auront toute autorisation à débarquer en Irak et au Koweït pour mettre un terme à l'invasion irakienne et libérer le pays.

Grace à ce délai, les force de la coalition s'organisent. Le 1er janvier 1991 Saddam Hussein déclarera "Après la victoire, nous serons les plus riches du monde". Les hauts responsables militaires, convaincus alors de l'issue infructueuse de la résolution 678, commencent à établir le plan de réaction militaire qui devra débuter le 16 janvier 1991. Les responsables militaires français rencontrent leurs homologues américains pour discuter de l'engagement des deux pays dans le conflit, les plans américains expliqués aux français, il ne manque que la décision du président Mitterrand pour engager les troupes de l'Hexagone sur le terrain persique. C'est dans cette période que le dispositif militaire français atteint son paroxysme de 14 000 hommes présents dans le Golfe en soutien aux troupes américaines et britanniques.



Le 9 janvier 1991, les ministres des affaires étrangères de la communauté européenne par l'intermédiaire de James Baker tentent dans un dernier élan de diplomatie de rencontrer Tarek Aziz et de le convaincre de l'importance d'une solution pacifique au conflit. Ce dernier demeure inflexible et refuse toute discussion avec les autorités de la coalition. L'invasion du Koweït par les irakiens demeure, pour lui, une évidence historique et une juste réponse face aux nombreuses tensions qui existent entre les deux pays. La guerre se profile et l'engagement de la coalition, n'est plus qu'une question d'heures.

L'opération tempête du désert (Desert Storm)

« Pas un signe, pas un mot de Bagdad n'ont permis d’espérer que l'on s'y soumettrait aux exigences du droit. Le recours à la force armée pour contraindre l'Irak à évacuer le Koweit est désormais légitime, c'est pourquoi j'ordonnerai l'emploi des moyens militaires que commande la participation de notre pays à la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies » prononcera le Président Mitterrand devant le Parlement le 16 janvier 1991, après la fin du délai laissé aux irakiens.

En cette fin de 16 janvier, le Président de la République décide d'autoriser la réaction de l’armée française. Le Premier Ministre ainsi que les chefs d'état-major des armées sont avisés du rôle prépondérant que la France entend avoir dans la résolution du conflit, au contact auprès de ses alliés américains et britanniques. "Le moment du recours à la force est arrivé (...) alors que nous avons tout fait pour l'éviter" dira le premier ministre Michel Rocard.

Après des mois d'attente à la frontière, les troupes de la coalition vont enfin avoir toute latitude pour intervenir activement pour libérer le Koweït.

C'est une coalition de 28 nations qui s'apprête à attaquer l'Irak à partir du 16 janvier. Les forces en présence sont équivalentes en nombre mais la supériorité technologique des pays de la coalition n'est plus à démontrer. De plus, la surestimation des moyens militaires irakiens ainsi que celle de leur volonté combattante expliqueront grandement comment cette guerre a pu être aussi expéditive. Les américains peuvent se servir de tout l'armement amassé durant la guerre froide dans ce conflit dans le Golfe.

La phase active du conflit commence par d'intenses bombardements aériens mêlés à une large préparation d'artillerie de sites stratégiques en Irak et au Koweït. Les frappes sont précises, les avions furtifs F-117 américains font preuve de leur efficacité.



La réponse irakienne se fait prompte contre ses voisins saoudiens et israéliens par l'envoi de missiles SCUD sur leurs positions, missiles contrôlés et détruits par les anti-missiles balistiques Patriots américains. Ces derniers avaient convaincu les israéliens de rester hors du conflit pour ne pas fragiliser leur position dans la région. Ces séries de bombardement intensifs vont passablement démoraliser les irakiens qui en 40 jours de préparation d'artillerie auront perdu près de 20 000 hommes dont 8000 morts. Dans les premiers moments de l'affrontement, on assiste à une forte désertion dans les rangs irakiens : près de 150 000 soldats de Saddam Hussein déserteront le conflit.

Cette guerre est la première guerre retransmise en direct, les peuples pouvant assister à ces bombardements et aux actions de la coalition internationale : les réactions, bien que majoritairement favorables, se font parfois mitigées. Le ministre de la défense français Jean-Pierre Chevènement qui avait ouvertement déclaré son opposition à toute participation française au conflit prononcera, au moment de sa démission le 29 janvier, « la logique de la guerre risque de nos éloigner chaque jour des objectifs fixés par les Nations Unies ». Il sera remplacé par Pierre Joxe comme un signal d'un engagement fort de la France dans le conflit.

Le but français dans la guerre reste strictement celui affiché par les résolution de l'ONU. La France ne souhaite pas attiser les critiques, notamment des pays du Maghreb, pour sa propre sécurité. Malgré ces rares oppositions, la guerre continue et devient terrestre le 24 février 1991 à partir de l'expiration du dernier ultimatum américain qui fixe, sur proposition française, le délai d'évacuation des troupes irakiennes du Koweït à une semaine.

Plus d'un million de soldats, de chars, d'avions, d'hélicoptères et de pièces d'artillerie s’apprêtent désormais à passer à l'action dans le plus grand déploiement de troupes depuis la Second Guerre Mondiale. Pendant des semaines, la coalition a leurré les irakiens pour leur faire croire à un débarquement des Marines américains sur les cotes du Koweït. Cette opération de désinformation a obligé les irakiens à établir une solide position défensive face à la mer et non face à ses frontières.

Ainsi, au nord-ouest, les 82e et 101e divisions aéroportées, fleuron de l'armée américaine, assistées par la division Daguet française ont percé les lignes irakiennes sur une distance de près de 80 kilomètres dès le premier jour. L'avancée est fulgurante et la résistance se fait sporadique. Les « Screaming Eagles » de la 101e division aéroportée déposés par des hélicoptères Black Hawk ont pour mission de venir couper la route des soldats d’élite de la Garde républicaine irakienne sur la rive sud de l’Euphrate, rôle qu'ils rempliront avec brio. Ils doivent par la suite encercler et neutraliser les 150 000 soldats irakiens entre la route de Bassorah et la frontière nord du Koweït, assistés par le 24e régiment d'infanterie américain. Les parachutistes de la 101e débordent leurs adversaires par le flancs et parviennent à les réduire efficacement.



La mission de la division Daguet est de garantir le flanc gauche au nord des forces alliées, pour les protéger d'une tentative de contre-offensive irakienne. Il faut endiguer toute intervention militaire irakienne au moment où les troupes de Saddam Hussein se voient prises à revers. La division rempliera admirablement sa mission, atteignant l'Euphrate après la destruction des troupes irakiennes. Les soldats du 3e régiment d'infanterie de marine avancent avec une efficacité fulgurante, aidés par les blindés du 4e régiment de dragons pendant que les régiments de la Légion Étrangère sèment le feu dans les lignes adverses. L'aérodrome d'As Salman est pris rapidement par les régiments français qui ne manquent pas d'attirer les éloges de leurs alliés étrangers. Derrière la division, la 82e division aéroportée américaine déclara avoir été impressionnée par l'efficacité des français. Un général américain dira même "Vous avez surtout réussi l'exploit de faire manœuvrer la 82ème Airborne. Moi, je n'y suis encore jamais arrivé !" Dans le Golfe Persique, les cuirassés américains, à l'image du Wisconsin et du Missouri continuent de bombarder les positions irakiennes.

Au sud, ce sont les troupes britanniques, « les rats du désert », assistées par des hélicoptères Apache qui parviennent également à percer le front irakien en avançant au Koweït au moment ou le contingent saoudien et koweïtien s'engage vers Koweït City.

La résistance sur tout le front est légère, on assiste à une véritable course poursuite entre les divisions alliées et les troupes irakiennes en fuite. La guerre que l'on pensait violente se dérobe au fur et à mesure de l'avancement de la coalition. Les soldats irakiens désordonnés fuient, des foyers de résistance sont créés par la Garde Républicaine irakienne, mais sans grand succès. Les pertes de Saddam Hussein, entre destruction et désertion, se font de plus en plus importantes. On estime que pendant les deux premiers jours du conflit armé, les irakiens on perdu 400 chars.


Le 25 février la division Daguet a déjà franchi près de 150 kilomètres en Irak et se trouve désormais à moins de 250 kilomètres de Bagdad, la capitale irakienne, tandis que les Marines se trouvent aux portes de Koweit City. Dans la nuit du 26 au 27 février, les américains harcèlent les irakiens sur la route de Bassorah, surnommée funestement la route de la mort après la perte de milliers d'irakiens en retraite en moins d'une heure. Une coopération interarmes américaine composée d'un appui aérien et d'une attaque de la 24e division d'infanterie ont réduit à néant les force irakiennes en repli et détruit entre 1800 et 2700 de leurs véhicules.



Le 27 février à 4h du matin, les troupes du Koweit entrent dans Koweit City, le pays est libéré, la guerre n'aura duré que trois jours.

La victoire est totale sur l'armée irakienne désorganisée, privée de son état-major et de ses officiers déserteurs. L'état-major irakien ayant fui avec Saddam Hussein, ce sont des soldats sans chef qui devaient affronter l'élite des troupes de la coalition. Abandonnées depuis deux mois dans le désert, affamées et assoiffées, sans réel espoir de victoire et sans radio pour espérer du renfort, les troupes irakiennes n'avaient d'autre choix que de fuir le combat. La force combattante irakienne fut sensiblement surestimée.

Le 28 février 1991, américains et irakiens acceptent un cessez-le-feu, la Première Guerre du Golfe est terminée. Ce cessez-le-feu coupe court à toutes les critiques et interrogations sur les réelles motivations de la coalition dans cette guerre. Certains craignaient une occupation de la région, d'autre une ingérence insurmontable. La volonté de se désengager sitôt le territoire libéré est en correspondance avec les aspirations de l'ONU et de la coalition réunie pour libérer le Koweit et non l'administrer.

Les conséquences du conflit

Bien que la guerre fut courte, le conflit aura des conséquences très importantes pour les pays engagés. Tout d'abord, les pertes humaines irakiennes sont très lourdes. Selon la coalition, le conflit aura tué 100 000 soldats et entre 50 000 et 130 000 civils. L'Irak annoncera 20 000 morts, 60 000 blessés et 175 000 prisonniers. Selon les alliés, 2140 des 3500 pièces d'artillerie irakiennes ont été détruites, 3500 des 5600 chars ont été perdus. S'ajoute à cela la perte de 139 avions de combats, de 8 hélicoptères et de 74 navires.

À cause de l'embargo, l'Irak a perdu près de 70 millions d'euros de pétrole par jour de conflit, 40% des industries ont coulé et les prix ont été multipliés par 10 à la suite de l'embargo alimentaire. Au total, les destructions de la guerre s'estiment à environ 500 milliards de dollars. A cela s'ajoute le prix de 200 milliards de dollars que doit payer l'Irak à l'Iran et au Koweit. L’économie du pays est totalement dévastée par ces années de guerre.

Le Koweit, lui, a perdu près de 1000 de ses ressortissants, civils ou combattants, l’équivalent d'1 milliards de dollars en tonnes d'or ont été volés et le pays a souffert de 4 milliards de dollars de pillage par les irakiens. L'Irak ne rendra qu'une partie de l'or dérobé, l'autre partie reste encore à ce jour disparue.



Dans leur fuite, et pour paralyser l'économie du Koweit, les irakiens ont incendié les puits de pétrole provoquant de gigantesques nuages noirs et faisant chuter la température d'une dizaine de degrés. 732 puits de pétrole sur les 1080 que compte le Koweit ont été incendiés et on estime à 100 000 tonnes le pétrole déversé dans la mer par l'ouverture, par les irakiens, du terminal pétrolier de Minal Al Ahmadi, pour empêcher tout débarquement américain sur les côtes. La guerre du Golfe a coûté au Koweit 20 milliards de dollars auxquels s'ajoutent les milliards d'euros de pertes en pétrole.

Du coté de la coalition le bilan humain est beaucoup moins lourd. Les pertes françaises s'élèvent à 2 morts (Caporal Chef Eric Cordier, 1er RPIMa – Sergent Yves Schmitt, 1er RPIMa – Tous deux morts au combat à As Salman) et 27 blessés sur les 14000 français engagés. Du coté des américains, on déplore 70 morts et 320 blessés.

La France a perdu 1,2 milliards de dollars dans la guerre, à cela s'ajoutent 3 milliards de dollars perdus à cause de l'embargo irakien et de l'arrêt des exportations. Chez les américains, la guerre a coûté près de 61,1 milliards de dollars et le coût humain aura été encore plus lourd après la guerre. En effet, dans les mois qui ont suivis la fin du conflit, les soldats qui ont combattu pendant la guerre du Golfe ont commencé à développer des pathologies multiples. 100 000 soldats américains sur les 700 000 engagés se sont plaints d’atrophie musculaire, de migraine, de perte de mémoire, de troubles du sommeil... Ces syndromes sont dus à l'utilisation importante de munitions à base d'uranium appauvri. Mais ce n'est pas le seul facteur : pour lutter contre les potentielles armes chimiques de l'adversaire, les soldats furent contraints de se faire vacciner sur place avec des produits non cliniquement testés. On déplore 82 000 morts dus aux expositions à l'uranium chez les GI's après la guerre et on estime à 275 000 le nombre de soldats contaminés.

Après la guerre, les pays arabes ont continué à surproduire et à garder des prix très favorables aux occidentaux et notamment aux américains. Entre 1996 et 2003, un programme d'échange sous contrôle de l'ONU est lancé pour alimenter en nourriture et en médicaments les pays déficients, en échange de pétrole.

La fin de la guerre du Golfe marque un déclin prononcé de l'Irak. Le pays est dévasté et ruiné par la guerre, empreint de guerres civiles et de famine : ce dernier est au bord du gouffre après avoir provoqué successivement la guerre contre l'Iran et celle contre le Koweit. Il sera reproché aux américains de ne pas avoir poussé l'offensive à Bagdad jusqu'à la chute finale de Saddam Hussein et d'avoir quitté le conflit trop rapidement. Cependant, il est fort à parier que la coalition internationale regroupant les pays de tous les continents aurait volé en éclats et que les pays limitrophes à l'Irak n'auraient jamais accepté une occupation d'un territoire arabe par les américains.


La guerre du Golfe aura été une guerre inutile pour l'Irak, déclarée par un dictateur en quête de superpuissance. Cette guerre aura démontré les atouts diplomatique du CSONU, mais l'incapacité de ce dernier à venir à bout pacifiquement de l'Irak.


Pierre-Emmanuel Leroy


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