top of page
Accueil: S'abonner

PAROLES DE DÉFENSE

Accueil: Bienvenue
Accueil: Blog2

7 décembre 1941, un jour à jamais marqué d'infamie

Dernière mise à jour : 22 févr. 2020




Le contexte de l'attaque


Au cours des années 1930, les relations entre les Etats-Unis et le Japon n'ont cessé de se tendre. Reconnu par Roosevelt comme un régime dictatorial, le Japon ne cache pas ses volontés expansionnistes. Après les premières attaques contre la Chine et le massacre de Nankin en 1937, les rapports entre les deux pays semblent prendre un tournant. La même année, un navire de guerre américain est coulé par la flotte aérienne japonaise. Dans la foulée, le traité d'alliance commerciale entre les deux pays, signé en 1911, est rompu.


Mais c'est en 1940 que le point de non-retour est atteint par la participation de l'Empire du Japon à l'alliance tripartite avec l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini. Après les exactions japonaises en Asie et notamment en Chine et en Indochine française, les Etats-Unis, soutenus par les britanniques décident d'un embargo sur les produits pétroliers et matières premières nipponnes ainsi que le gel de leurs avoirs. C'est 90% des besoins japonais qui ne sont plus pourvus.


Alors, face à cette situation, le Japon est divisé par rapport aux mesures à prendre. Un compromis sera alors trouvé : comme le voulait le Premier Ministre japonais Fumimaro Konoe, des négociations en vue de trouver une solution pacifique avec les américains seront privilégiées. Mais dans le cas où une issue concluante ne serait pas trouvée dans un délai de seulement quelques semaines, la guerre serait aussitôt déclarée.


C'est dans ce contexte que le haut commandement japonais en la personne de l'amiral Osami Nagano commence à préparer une attaque de grande envergure sur la base américaine de Pearl Harbor.


L'objectif de cette attaque est de parvenir à anéantir les porte-avions américains et, par extension, toute la flotte américaine présente à Pearl Harbor, la plus importante base du Pacifique. Les japonais pensent qu'avec une attaque massive et concluante sur Pearl Harbor, les américains seraient durement touchés. Ils demanderaient la cessation des hostilités, symbolisée par la fin de l'embargo et par la libre action de de l'Empire japonais sur les pays d'Asie. Le Japon veut donc détruire la base américaine de Pearl Harbor pour endiguer la présence américaine dans le Pacifique et ainsi pouvoir conquérir à sa guise les îles de l’Asie du Sud et de l'Est.


La difficulté d'une attaque sur Pearl Harbor est double. Non seulement son isolement entraîne une impossibilité de recourir à une action navale concluante mais en plus, l'eau peu profonde de sa baie est une barrière naturelle à l'utilisation de torpille classique. Ainsi, à une offensive navale impossible s'est substituée une opération aérienne d'envergure au Nord de l'île d'Oahu. C'est le 5 novembre 1941 que le plan d'attaque fut définitivement approuvé.



Pendant plus d'un an, pilotes et marins japonais s'entrainent pour ce qui sera un des plus grands désastres militaires pour les Etats-Unis.


L'endoctrinement japonais est strict, il faut être prêt à mourir pour le Japon, prêt à mener des opérations kamikazes, prêt à anéantir la flotte américaine. De plus, le Japon bénéficie d'un double avantage.


En effet, ils possèdent, dans leur archipel, une ile sensiblement similaire à l'ile d'Oahu : la baie de Kagoshima. Ils ont pu s'entrainer en conditions réelles, munis de renseignements précieux donnés par leurs espions présents à Pearl Harbor. A la veille de l'attaque, ils connaissent l’ensemble des placements des navires de guerre, des aérodromes américains, mais aussi des habitudes militaires et civiles de toute la base américaine. On estime qu'il y avait un réseau de près de 200 espions japonais sur l'île d'Oahu.


Leur deuxième avantage leur sera primordial dans leur attaque de l'archipel d'Oahu et trouve sa source dans le Première Guerre Mondiale. Pendant la Grande guerre, américains et japonais étaient alliés contre l'Allemagne. Les japonais ont bénéficié d'un entrainement militaire et tactique au sein même de la base américaine de Pearl Harbor. Ces derniers ont été formé par les américains au combat. Les japonais étaient fin préparés.


En 1941, l'armée japonaise est la première force aéronavale mondiale, munie de renseignements précis et d'un entrainement strict, basé sur l'enseignement américain : rien ne semble en mesure de l'arrêter dans sa volonté de détruire Pearl Harbor.


Les négociations entre les deux pays n'en finissent pas, l'esprit guerrier des japonais prend le dessus et l'attaque sur Pearl Harbor est définitivement adoptée.


Le 6 décembre 1941, un télégramme japonais est envoyé aux américains portant sur la rupture de toute relation diplomatique et laissant présager une guerre imminente entre les deux pays. Le Général Marshall reçut le message à 6h30, heure d'Hawaii, le 7 décembre 1941. Il lança donc une alerte généralisée à toutes les bases américaines du Pacifique et notamment à la plus importante : Pearl Harbor. Ce message ne parviendra au commandement américain sur l'île qu'après les bombardements. Qui sait ce qu'il se serait passé si un problème technique n'avait pas entravé la transmission de cette alerte à Pearl Harbor ?


« Tora ! Tora ! Tora ! »


Il est 5h du matin ce 7 décembre 1941. A 370 km d'Oahu, mouille une flotte de six porte-avions japonais escortés par des destroyers, cuirassiers, sous-marins de la flotte impériale. Les premiers sous-marins ont été lancés en reconnaissance dans la baie de Pearl Harbor vers minuit. L'un d'eux a été repéré par l'USS Condor mais n'a pas pu être retrouvé, le commandement américain décida de ne pas en tenir compte.


Pour les américains, le jour se lève sur un dimanche ensoleillé. A aucun moment ils ne se doutent de l'enfer qui s'abattra sur eux. Pour ces derniers, Pearl Harbor est infranchissable par la mer. La baie est trop étroite et le faible tirant d'eau empêche toute hypothèse de conquête navale. Sûr de sa puissance, l'important contingent militaire présent sur toute l'ile d'Hawaii ne peut envisager l'hypothèse d'une attaque soudaine.


Du coté japonais, l'attaque doit être mené par 350 bombardiers et chasseurs-bombardiers suivant trois principales vagues. Le première vague doit semer le chaos dans les défenses américaines en nettoyant toutes les installations militaires sur l'ile, la deuxième appuyer la première et attaquer des cibles plus spécifiques alors que la troisième doit détruire les dépôts et réservoirs de carburant, pour endiguer tout espoir de réaction américaine.


6h15. La première vague japonaise est lancée vers l'ile d'Oahu. Sa mission, détruire les bases militaires, aéronavales et la flotte américaine présentes à Pearl Harbor. 7h. Deux soldats américains de garde détectent une flotte de 183 appareils non-identifiés à 210 kilomètres d'Oahu. Le rapport radar est transmis au quartier général à Fort Shafter. Malheureusement, les techniques de surveillance radar sont toute nouvelles et entrainent une certaine méfiance vis à vis des officiers. Ce 7 décembre 1941, l'officier de permanence qui reçoit le rapport est très peu expérimenté, il a commencé sa formation quatre jours plus tôt. Il conclura que ces appareils sont des bombardiers B-17 américains censés atterrir à Pearl Harbor à 8h. La voie semble être libre pour la première vague japonaise, l'effet de surprise est garanti.



La flotte japonaise n'est plus qu'à quelques kilomètres de l'île d'Oahu. Les radars américains demeurent incapable de remarquer la présence d'une armada de 183 avions de guerre, prêts à s'abattre sur l'île, en raison des épais massifs montagneux qui créent des zones d'ombre inaccessibles aux radars.


7h30. Un avion de reconnaissance japonais donne le signal « Pearl Harbor dort », l'effet de surprise sera total. 7h40. Le premier bombardier japonais survole le territoire américain suivi par toute la flotte japonaise. Pour les habitants, cette intense activité aérienne ne s'avère pas hors du commun. Plusieurs fois par mois, des exercices de ce type sont organisés. Personne ne se doute du déluge de feu qui est prêt à s'abattre sur la base militaire. 7h53. Les premières bombes tombent sur Pearl Harbor. 7h55. Le contre-amiral Patrick Bellinger donne l'alerte et ordonne la mobilisation générale des troupes. S'en suit le message du Commandant Logan Ramsey « Air raid Pearl Harbor this is not a drill », ce n'est pas un exercice, la base est réellement attaquée par un ennemi encore inconnu.


La première vague entraine une terreur sans précédent. La base aéronavale de Kaneohe est mitraillée, les aérodromes sont détruits, les importants cuirassiers américains sont pulvérisés. Lors de cette première vague, les japonais ont privilégié le bombardement des navires les plus puissants de la flotte américaine.


Le cuirassier Arizona, touché par une bombe de près de 800kg explose littéralement, entrainant la mort de plus de 1100 marins. L'Oklahoma, fleuron de la flotte américaine est pris d'assaut par une dizaine de bombes qui provoquèrent son chavirement. C'est plus de 460 marins qui sont désormais prisonniers de sa coque blindée de 60 cm.



La désorganisation est totale. Les cibles sont autant civiles que militaires, tous les navires sont touchés, le Pennsylvanie est pris pour cible alors qu'il se trouvait en cale sèche, l'Utah est bombardé et détruit. Les réactions américaines sont confuses, aliénées par la puissance de feu japonaise. Les rares chasseurs américains tentant de décoller pour défendre la baie sont abattus sur le champ. Une épaisse fumée noire envahit le ciel au dessus du naufrage de l'Arizona, les sirènes hurlent partout sur l'ile, dans un brouhaha assourdissant, tandis que le sifflement des balles incendiaires mitraillant les rues se fait de plus en plus strident.


La première vague d'assaut a été un succès éclatant. Deux des principaux cuirassiers de la flotte américaine ont déjà sombré, plusieurs autres sont touchés. La DCA américaine, dans un chaos désorganisé tire sur tout ce qui bouge, éliminant les rares pilotes de l'US Air Force présents dans le ciel. Les B-17 envoyés par les Etats-Unis ainsi que les 18 appareils de reconnaissance du porte-avions américains Enterprise sont piégés entre les chasseurs japonais qui contrôlent les airs et la DCA américaine. Sept d'entre eux seront abattus par leur propre force.


Il est 8h50 au moment où la deuxième vague d'attaque déferle du Nord. Volant à 3000 mètres, les bombardiers japonais lâchent des bombes à retardement qui déferlent sur une ile déjà meurtrie. La base de Ford Island est totalement détruite, les dépôts de munitions sont anéantis. Chez les américains on se défend avec ce que l'on trouve, la désorganisation est totale. Les installations militaires sont en flammes, les hôpitaux craquent sous le nombre de blessés alors que la troisième vague est sur le point de s'abattre sur l'île.


Il est 11h au large de Pearl Harbor lorsque Mitsuo Fuchida s’apprête à lancer la troisième vague. A 11h30, l'amiral Nagumo ordonne aux pilotes de couper les moteurs. La troisième vague n'aura jamais lieu. Nagumo ne veut pas craindre de mettre en péril l'éclatante victoire qu'il vient de remporter avec ses deux premières vagues. De plus, les porte-avions américains n'étant pas présents ce jour la à Pearl Harbor, la crainte due à leurs positions inconnues le pousse à stopper l'attaque après le retour de ses appareils.


Mais à Pearl Harbor, dans un contexte désastreux, on redoute une invasion imminente de l'ile. Toutes les forces militaires sont détruites, l'ile est encerclée par la marine ennemie et est à des milliers de kilomètres des côtes américaines. L'hypothèse d'un débarquement d'infanterie japonais est présente dans les esprits de tous les américains. Tranchées sont creusées, exercices de confinement sont organisés, un climat d'extrême tension règne sur toute l’île d'Oahu après les attaques. Cependant, ce débarquement ne fut jamais envisagé par le commandement japonais.


C’est une victoire totale sur les forces armées américaines. Ces dernières ne pouvaient être moins bien préparées à une telle attaque. Le Commandement américain, redoutant des actes de sabotage avait regroupé ses appareils pour en favoriser la surveillance. De ce fait ils ont été d'une vulnérabilité certaine pour les bombardiers japonais. Les officiers radar n'en étaient encore qu'au stade de l'entrainement et la zone montagneuse aux alentours de Pearl Harbor formait une couverture parfaite pour les vagues successives d'avions japonais. Ce sont autant de facteurs qui ont favorisé ce désastre.


C'est plus de 1100 marins qui périrent dans l’explosion de l'Arizona, d'autres 429 américains prisonniers de la coque de l'Oklahoma moururent sous les flots. Au total, sur les 94 bâtiments de la marine américaine présents sur l'île, 10 sont perdus à Pearl Harbor, 18 très sérieusement touchés. Au sol, c'est 128 appareils qui sont hors service alors que 188 avions ont été détruits. C'est une victoire étincelante pour les japonais qui n'ont perdu que 29 bombardiers et chasseurs-bombardiers, 5 sous-marins au prix de 55 pilotes et 9 marins tués. Les pertes américaines s'élèvent à plus de 2400 tués et 1200 blessés ou disparus.


Un seul mot d'ordre : la revanche


Suite à l'attaque de Pearl Harbor, les États-Unis, par le biais du président Roosevelt, sont aussitôt entrés en guerre contre le Japon. Loin de demeurer abattus comme l'espéraient les japonais, les américains sont portés par un inlassable sentiment de revanche contre cette attaque aussi violente que soudaine. C'est ce sentiment qui participera à former ce patriotisme combattant présent chez tous les soldats américains.


Les chiffres de mentent pas, on prévoyait 1500 hommes appelés ou volontaires sur l'ile d'Oahu pour venir participer à une future entrée en guerre des États-Unis. Ils ont été plus de 10 000 après l'assaut sur Pearl Harbor.



De plus, l'impact matériel sur la marine américaine est à relativiser. En effet, de nombreux navires endommagés on été remis en état en un temps record : 16 navires ont été remis à flot dès l'année 1942 dont certains ont été engagés la même année dans des combats face aux japonais, témoignant de la force de la marine américaine et de cet esprit de revanche auquel aspirent tous les hommes et femmes qui étaient présent à Pearl Harbor ce jour la. Les porte-avions américains ont servi de moteur à cette puissance maritime américaine alors que l’objectif premier des japonais sur Pearl Harbor avait été de les envoyer par le fond.


Cette victoire japonaise est une victoire tactique évidente mais non stratégique en ce qu'elle n'aura pas permis de réduire à néant la base américaine qui restera en service. De plus, l’humiliation de cette attaque pour les américains a entrainé un élan de révolte chez ses combattants qui aura raison de l'empire du Japon suite à la bataille du Pacifique. En Europe, l'arrivée des américains promise par Roosevelt à Churchill sera déterminante tant dans les campagnes d'Afrique du Nord que d'Italie mais surtout dans la libération de la France et de l'Europe. Ainsi, par cette attaque, le Japon aura entrainé sa perte future et celle de ses alliés. Yamamoto dira sur ce sujet : « Je crains que tout ce que nous avons réussi à faire est de réveiller un géant endormi et de le remplir d'une terrible résolution. »


Encore aujourd'hui, l'attaque japonaise sur Pearl Harbor suscite de nombreuses controverses. Certains prétendent au complot, d'autres à la défaillance américaine, ce qui est évident, c'est que cet événement restera gravé dans l'Histoire des États-Unis et dans celle de la Seconde Guerre Mondiale. Cette bataille est toujours très forte dans l'esprit commémoratif américain. Son souvenir est présent au sein du mémorial de l'USS Arizona, édifié au dessus même de la zone où, il y a 77 ans, chavira l'USS Arizona, emportant avec lui 1100 soldats et membres d'équipage.




Pierre-Emmanuel Leroy


CONTACT

92 rue d'Assas, 75006 Paris

Merci pour votre envoi !

Accueil: Contact
bottom of page