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PAROLES DE DÉFENSE

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La coopération militaire franco-belge

Cet article est également paru le 7 décembre 2020 dans La Revue d'Histoire Militaire, que nous tenons à remercier. Nous publions celui-ci en deux temps, avec pour cette première partie un rappel historique de la coopération militaire franco-belge.


Dans son discours du 8 juillet 2020 présentant la vision stratégique de l’Armée de Terre pour les dix prochaines années, le Chef de l’État-Major de l’Armée de Terre, le général Thierry Burkhard a dit que « nous ne faisons jamais la guerre seuls et nous avons besoin des autres »[1], en soulignant l’importance du partenariat franco-belge, constitué autour du programme français Scorpion. Cette coopération militaire entre la République française et le Royaume de Belgique, qui est en train de devenir une réalité de plus en plus tangible, est issue d’une longue histoire de relations bilatérales et comporte des avantages évidents.


De la Révolution à Napoléon

Mais avant de se tourner vers les détails du partenariat actuel, il serait intéressant de se rappeler en premier lieu des épisodes précédents de la coopération entre les deux nations, qui remonte même jusqu’à l’Ancien Régime. En effet, dans son Histoire de l’infanterie en France, le lieutenant-colonel Belhomme relate que peu de temps avant la Révolution française, le 18 novembre 1787, est créé par ordonnance royale le régiment Royal-Liégeois, structuré de la même manière que les autres régiments de l’armée royale, mais composé exclusivement de liégeois, tant soldats qu’officiers[2].


Drapeau d'ordonnance du régiment portant les armes de la ville de Liège


Lors de la Révolution française et la proclamation dans les Pays-Bas autrichiens des éphémères États belgiques unis en 1790, les liens militaires se resserrent dans tous les sens du terme après l’annexion des provinces de l’actuelle Belgique par la Première République en 1795. C’est ainsi que de nombreux Belges, qu’ils soient flamands ou wallons, se retrouvent côte à côte avec les soldats français dans les guerres de la Révolution, au sein parfois d’unités « nationales », comme par exemple la « Légion des Belges et des Liégeois »[3].

Avec l’avènement de l’Empire, les soldats belges sont inclus dans les régiments français et participent donc aux campagnes de la Grande Armée au même titre que les citoyens français. Cet héritage napoléonien se manifeste notamment dans le chant wallon « Li pantalon trawé », fortement inspiré du chant « Te souviens-tu ? » d’Émile Debraux et retraçant le chemin d’un grognard liégeois « du fameux temps du grand Napoléon »[4] jusqu’à l’indépendance de la Belgique.


Un descendant du trône de France élu Roi des Belges

Mais tout ça n’est qu’introduction. En 1830, alors que la pression linguistique et religieuse des Pays-Bas sur leur nouveaux sujets rattachés après la bataille de Waterloo devient trop lourde, une révolution éclate dans les provinces qui se sentent oppressées. La France, qui vient tout juste de changer de régime et de roi, réfléchit à la manière dont elle pourrait aider son voisin et potentiel allié francophone. Le fils puîné de Louis-Philippe d’Orléans, Louis, duc de Nemours, est même élu en tant que Roi des Belges lors du Congrès national belge[5]. Mais soucieux de ne pas dresser contre lui les autres monarchies d’Europe apeurée d’une reprise possible de l’expansionnisme français, Louis-Philippe refuse cette option et c’est le candidat favorisé par le Royaume-Uni, Léopold de Saxe-Cobourg-Gotta, qui devient le premier Roi des Belges.


Le duc de Nemours (à gauche) et Léopold Ier (à droite)


Pourtant, ce n’est pas parce que le prétendant français n’obtient pas le trône que la France reste passive dans les premières actions de sa voisine naissante. Ainsi, lors de la Campagne des Dix-Jours, pendant laquelle Guillaume d’Orange espère reconquérir les provinces rebelles, les troupes françaises sous le commandement du maréchal Gérard entrent en Belgique, ce qui pousse les Néerlandais à se retirer et à reconnaitre le jeune État. Peu de temps après, le nouveau Roi épouse Louise d’Orléans, scellant ainsi un rapprochement avec la France, confirmé par l’intervention en 1832 de l’armée française pour chasser les Néerlandais, aspirants à la revanche, de la ville d’Anvers.

Ainsi naissait, dans un esprit de confiance et de respect mutuel, une nouvelle alliance solide sur le continent européen – l’alliance franco-belge. Une coopération efficace qui se concrétisera au XX siècle : dans les deux conflits mondiaux, très couteux en hommes pour les deux nations, les soldats des deux pays se sont battus épaule contre épaule tant en territoire belge que français.



Affiche représentant le courage des troupes belges symbolisé à travers la figure d'Albert Ier, dit le "Roi-Chevalier", à la mémoire duquel une statue est érigée à Paris


L'influence de la culture militaire française dans l'armée belge


Il convient également de revenir sur l’occupation de la Ruhr en 1923. Favorisée par un accord secret de coopération militaire signé en 1920 entre la France et la Belgique, cette entreprise était, du début jusqu’à la fin, un projet commun, porté tant par Raymond Poincaré (Président du Conseil de la République française) que par le Roi Albert Ier et soutenu par les parlementaires dans les deux pays, dans le but d’obtenir de la part de l’Allemagne les réparations de guerre et d’éviter une reprise de puissance. Certes un échec, l’occupation de la Ruhr demeure un témoignage réel de la coopération franco-belge dans l’entre-deux-guerres.

Zones d'occupation française (bleu), belge (jaune) et anglaise (rouge). La Ruhr est représentée par les rayures jaunes et bleues


À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le besoin de coopération entre les pays européens pour maintenir la paix apparait indiscutable. C’est l’une des raisons principales de la construction européenne, qui demeure jusqu’à aujourd’hui un cadre stable pour le développement de la coopération belgo-française et ce, non seulement dans le domaine militaire.

Après avoir abordé l’aspect purement historique et diplomatique, on peut brièvement évoquer, d’un point de vue plus ludique et à titre d’exemple, quelques influences de la France sur la Belgique qui ont eu lieu durant cette longue histoire de coopération. La première image qui vient à l’esprit est sûrement l’emploi par les troupes belges du casque Adrian.


Casque Adrian avec uniforme de Lieutenant-Général, Musée Royal de l'Armée à Bruxelles


On peut également citer la similitude des uniformes des élèves-officiers de l’École Royale Militaire et ceux de l’École Spéciale Militaire (ainsi que la similitude de nom) : les élèves officiers belges portent les mêmes shakos et casoars que leurs homologues français. Ces deux institutions reposent sur un socle commun d’idéaux en aspirant à promouvoir parmi leurs étudiants le patriotisme, le courage et le sens de l’honneur, tout en leur fournissant un enseignement de qualité pour être un excellent chef sur le champ de bataille.

À gauche les élèves officiers de St-Cyr, à droite les élèves officiers de l'ERM, passés en revue par Sa Majesté le Roi Philippe


Daniel Poloyko

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